

Dans son livre , Astolfi compare les pensées, qui restent fondamentales, de Gaston Bachelard (1884-1962) et de Jean Piaget (1896-1980). Je vais donc exposer ce que ces deux personnages pensent des processus qui mènent à l'erreur.
Voici ce que disait Bachelard il y a cinquante ans: "on connait contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit meme fait obstacle". L'erreur, pour lui, traduit la présence et la résistance de l'obstacle. On ne peut donc connaitre sans erreurs, l'obstacle est ainsi une "forme de connaissance en soi-meme" (Astolfi). Ce qui empèche de construire de nouvelles connaissances est le fait que le cerveau est trop plein, pour cela il faut vider son cerveau des connaissances anciennes et peut etre fausses pour ainsi en "imprimer" de nouvelles. Pour conclure Bachelard estime que l'erreur est "le signe, en meme temps que la preuve, que se joue chez l'élève un apprentissage digne de ce nom". L'erreur est ici quelque chose de normal, c'est la preuve qu'il existe des obstacles qu'on sous estime et qui résistent.
Pour Piaget, l'erreur traduit la catégorie d'age à laquelle appartient l'enfant. Il ne parle pas d'obstacle mais de shème. Cela désigne la "structure générale commune à un ensemble d'actions".Les erreurs "des élèves peuvent s'interpréter comme la manière particulière avec laquelle, à différents ages sont organisés leurs schèmes". En clair, à chaque age correspond un développement cognitif, si on le brusque ou si on oublie des étapes, l'enfant commettra des erreurs. Il faut donc développer la pensée de l'enfant pour qu'il accède aux modes de pensée suivants, c'est une question de croissance mentale.
Pour conclure, pour Bachelard, il faut rectifier les obstacles présents pour ne pas faire d'autres erreurs et pour pouvoir apprendre de nouvelles connaissances. Pour Piaget, il faut développer sa propre pensée, les schèmes s'élaborent insconsciemment et intuitivement à fur et à mesure que les situations problèmes apparaissent. On aura donc vu s'opposer la vision de Bachelard plutot pessimiste à la vision de Piaget qui néglige l'individu en lui meme au profit des opérations intellectuelles de chaque individu.
Sources: Astolfi, L'erreur un outil pour enseigner, Paris, ESF éditeur, 1997