Monday, November 27, 2006

Quelques citations sur l'erreur


Voici quelques citations que j'ai pu trouver qui concernent l'erreur:
  • "Il ne sert à rien, pour corriger nos erreurs, de dire que nous nous trompons parce que notre esprit n'est pas beaucoup clairvoyant ou que notre nature est infirme: car c'est le meme que si nous disions que nous errons parce que nous sommes dans l'erreur". DESCARTES, 1974
  • "Le problème de la fécondité de l'erreur ne peut pas se concevoir sans une certaine vérité dans la théorie qui a produit de l'erreur". MORIN, 1982
  • "Les gens n'aiment pas penser; c'est qu'ils ont peur de se tromper. Penser, c'est aller d'erreur en erreur". ALAIN, 1986
  • "Peut-etre nous trompons nous toujours? Peut-etre y a-t-il un esprit malin qui veut que nous nous trompions qui nous a faits de telle manière que nous nous trompions toujours. Descartes répond oui. Mais qu'il nous trompe tant qu'il veut cet esprit malin et puissant! Néanmoins j'existe (...) Dans l'océan du doute, une chose est sure: je suis donc j'existe". KOYRE, 1986
  • "C'est ce que je reproche à la vérité, moi. C'est qu'il faut la connaitre pour ne pas se tromper, et que c'est pas toujours commode. La vérité, pourtant, ça devrait s'imposer avec plus d'évidence que l'erreur, ou alors quoi, pas moyen de savoir si on se trompe". DUBILLARD, 1976
  • "Réduire l'erreur à une distraction de l'esprit fatigué, c'est ne considérer que le cas du comptable qui aligne les chiffres. Le champs à explorer est bien plus vaste...". ENRIQUES, cité par Bachelard, 1983
  • "L'essai et la réussite, l'erreur et la découverte, l'effort et la réalisation, ont entre eux une solidarité intime et nécessaire. Méconnaitre l'un, c'est retirer tout support à l'autre". WALLON, 1970
  • "Et les erreurs reviennent, narquoises, collantes, se moquant des fichiers comme de mes désespoirs. Ou de mes fureurs. (...) Autant de traces dans le sable que je croyais sillons. Et que le vent d'Autan efface à tous les coups. Ou presque". BARRIOS, 1995
  • "L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs". OSCAR WILDE, 1892
Source: Fiard Jacques et Auriac Emmanuème, L'erreur à l'école; petite didactique de l'erreur scolaire, Paris, L'Harmattan, 2005


Sunday, November 26, 2006

L'erreur selon Bachelard et Piaget














Dans son livre , Astolfi compare les pensées, qui restent fondamentales, de Gaston Bachelard (1884-1962) et de Jean Piaget (1896-1980). Je vais donc exposer ce que ces deux personnages pensent des processus qui mènent à l'erreur.
  • BACHELARD
Voici ce que disait Bachelard il y a cinquante ans: "on connait contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit meme fait obstacle". L'erreur, pour lui, traduit la présence et la résistance de l'obstacle. On ne peut donc connaitre sans erreurs, l'obstacle est ainsi une "forme de connaissance en soi-meme" (Astolfi). Ce qui empèche de construire de nouvelles connaissances est le fait que le cerveau est trop plein, pour cela il faut vider son cerveau des connaissances anciennes et peut etre fausses pour ainsi en "imprimer" de nouvelles. Pour conclure Bachelard estime que l'erreur est "le signe, en meme temps que la preuve, que se joue chez l'élève un apprentissage digne de ce nom". L'erreur est ici quelque chose de normal, c'est la preuve qu'il existe des obstacles qu'on sous estime et qui résistent.

  • PIAGET
Pour Piaget, l'erreur traduit la catégorie d'age à laquelle appartient l'enfant. Il ne parle pas d'obstacle mais de shème. Cela désigne la "structure générale commune à un ensemble d'actions".Les erreurs "des élèves peuvent s'interpréter comme la manière particulière avec laquelle, à différents ages sont organisés leurs schèmes". En clair, à chaque age correspond un développement cognitif, si on le brusque ou si on oublie des étapes, l'enfant commettra des erreurs. Il faut donc développer la pensée de l'enfant pour qu'il accède aux modes de pensée suivants, c'est une question de croissance mentale.

Pour conclure, pour Bachelard, il faut rectifier les obstacles présents pour ne pas faire d'autres erreurs et pour pouvoir apprendre de nouvelles connaissances. Pour Piaget, il faut développer sa propre pensée, les schèmes s'élaborent insconsciemment et intuitivement à fur et à mesure que les situations problèmes apparaissent. On aura donc vu s'opposer la vision de Bachelard plutot pessimiste à la vision de Piaget qui néglige l'individu en lui meme au profit des opérations intellectuelles de chaque individu.

Sources: Astolfi, L'erreur un outil pour enseigner, Paris, ESF éditeur, 1997


Monday, November 06, 2006

Les causes de l'erreur

Finalement , à quoi sont dues les erreurs ? Qu'est ce qui fait que l'on peut se tromper ? Jean-Pierre Astolfi dans son livre "L'erreur, un outil pour enseigner" dénombre huit causes qui peuvent expliquer l'origine de certaines erreurs qu'on retrouve en classe. Il donne également des outils pour remédier à ces problèmes et pour donner les moyens nécessaires aux élèves de réussir.
  • 1ère cause: les erreurs peuvent etre dues à la difficulté de compréhension des consignes. Pour y remédier, Jean-Pierre Astolfi propose de travailler sur la compréhension et la formulation des consignes.
  • 2ème cause: de mauvaises habitudes scolaires ou un mauvais décodage des attentes crèent des erreurs. Pour y remédier, il faut avoir un esprit crtitique vis à vis des attentes.
  • 3ème cause: les erreurs peuvent témoigner de représentations erronées des élèves (conceptions alternatives). Un travail d'écoute permet à l'enseignant de comprendre l'origine de l'erreur qui est sous jacente à la notion étudiée , ensuite il faut en faire prendre conscience à l'élève pour qu'il puisse corriger ses propres représentations.
  • 4ème cause: les erreurs peuvent etre liées aux opérations intellectuelles impliquées. Pour certains exercice, trop d'opérations intellectuelles sont demandées à l'élève, il faut donc sélectionner les activités d'une manière plus stricte.
  • 5ème cause: les erreurs peuvent porter sur les démarches adoptées. Pour trouver une réponse, généralement il y a plusieurs démarches, il ne faut donc pas forcément sanctionnée une démarche "étonnante" mais plutot favoriser les évolutions individuelles.
  • 6ème cause: les erreurs peuvent etre dues à la surcharge cognitive au cours de l'activité. Pour cela il faut décomposer l'activité , ce qui permettra d'avoir des "sous taches d'ampleur cognitive appréhendable".
  • 7ème cause: certaines erreurs sont dues au non transfert entre disciplines. Pour Astolfi , l'école "doit postuler et organiser un tel transfert". Ce transfert n'est pas "spontané" mais c'est "le propre de toute activité intellectuelle authentique".
  • 8ème cause: enfin la complexité meme du contenu peut engendrer des erreurs. L'enseignant devrait mieux cerner cette difficulté pour que l'activité soit à la portée des élèves.
Certaines causes sont liées au maitre, c'est parce que les exercices ne sont pas assez clairs, ou parce qu'ils sont trop difficiles pour l'enfant , que les élèves commettent des erreurs. Une mauvaise évaluation de la complexité de l'exercice met l'élève en difficulté.
De meme les causes d'erreur peuvent etre liées à l'élève, s'il décode mal les attentes de l'enseignant ou s'il ne transfert pas ses connaissances entre les différentes matières, il aura des difficultés.

Sources: livre de Jean-Pierre Astolfi, "L'erreur un outil pour enseigner" et le site suivant http://parcours-diversifies.scola.ac-paris.fr/PERETTI/ERREUR.htm ; on y trouve des explications complémentaires sur la typologie des erreurs de Jean-Pierre Astolfi.